Le Centre de transfert technologique en écologie industrielle (CTTÉI), Synergie Économique Laurentides, les membres de la Communauté Synergie Québec, l’Association française ORÉE et la MRC de Sept-Rivières étaient au Colloque de gestion des matières résiduelles organisé par Réseau Environnement et présenté par RECYC-QUÉBEC et Éco Entreprises Québec le 20 septembre dernier.
C’est avec une certaine effervescence et dans la chaleur de l’automne que leur panel a clôt l’édition 2017 du Colloque.
LA PERFORMANCE DE LA SYMBIOSE INDUSTRIELLE
Plusieurs symbioses industrielles ont émergé au Québec au cours des dernières années. D’autres territoires, comme la MRC de Sept-Rivières, s’engagent également dans la concertation pour animer des réseaux d’organisations plus circulaires et plus durables. Par les liens qu’elles tissent entre les acteurs des chaines de valeur, les symbioses visent à optimiser la gestion des ressources sur les territoires. Leur succès repose d’ailleurs sur l’engagement des participants, lequel est fortement influencé par les retombées et bénéfices potentiels… et leur mesure.
La nécessité de posséder un outil de mesure efficace est vécue de part et d’autre de l’Atlantique, comme en témoigne la collaboration entre ORÉE, le CTTÉI et des porteurs de symbioses au Québec.
Pour les entreprises et les territoires, la quantification des gains aide à la prise de décision. Les mesures de performance sont essentielles, tant pour la reddition de compte aux bailleurs de fonds que pour définir les avenues à privilégier pour assurer la pérennité des symbioses. L’expérience montre toutefois que cet exercice rencontre plusieurs freins : variété d’acteurs aux intérêts divergents, enjeux de confidentialité, absence de données fiables et d’indicateurs communs, méthodes de calcul non développées, etc.
UN PANEL DE PRATICIENS DE LA SYMBIOSE INDUSTRIELLE
Animée par Jennifer Pinna, chef de projets Symbiose industrielle au CTTÉI, ce panel a proposé une discussion – et exposé des solutions! – sous la forme de panel très décontracté. Les intervenants ont témoigné des efforts faits pour établir des indicateurs pertinents et de leur importance dans l’évolution des projets.
Nathalie Boyer, déléguée générale d’ORÉE, a d’abord présenté sa plateforme ELIPSE, fruit de 2 ans de co-construction avec des chercheurs et des experts de terrain de la symbiose. Avec ses 3 principes, 9 objectifs et 61 indicateurs, c’est également un outil de suivi pour les acteurs qui soutiennent les démarches d’écologie industrielle et territoriale. Soulignons que la présence de Mme Boyer à cet événement a été rendu possible grâce à la participation financière du Ministère des relations internationales et de la francophonie.
En 2015, le CTTÉI et la Communauté Synergie Québec ont été sollicités pour participer au développement d’ELIPSE. Plusieurs acteurs et animateurs de symbiose industrielle ont ainsi testé et expérimenté l’outil afin d’émettre des recommandations. Au terme de cet exercice naissait l’idée de développer une adaptation québécoise d’ELIPSE.
LE CAS PARTICULIER DES GAZ À EFFET DE SERRE
Julien Beaulieu, chercheur de collège au CTTÉI a poursuivi avec l’analyse du cycle de vie comme outil pour évaluer les synergies. L’outil compare des scénarios d’approvisionnement, des procédés et des modes de disposition des sous-produits avec ou sans synergies. Différentes bases de données ont été utilisées pour créer cet outil exclusif aux membres de la Communauté Synergie Québec. Le calculateur peut être utilisé comme outil d’aide à la décision ou pour calculer les retombées.
Il pourra notamment être utilisé pour faciliter la reddition de compte dans le cadre de l’aide financière accordée par RECYC-QUÉBEC « Transition vers l’économie circulaire », le volet 3 du programme Performance des Industries, Commerces et Institution (ICI) en Gestion des matières résiduelles (GMR).
SYNERGIE ÉCONOMIQUE LAURENTIDES TESTE LE CALCULATEUR
Les outils Excel, les formules et des bases de données font la joie des chercheurs et des développeurs! Sur le terrain, les animateurs de symbioses industrielles doivent toutefois communiquer les gains, rallier les entreprises et… vulgariser les retombées des synergies de manière bien concrète.
Karine Bourgeois, nouvelle directrice générale de SYNERGIE ÉCONOMIQUE LAURENTIDES, s’est prêtée à l’exercice en mesurant l’impact GES de 4 synergies dans différents secteurs d’activités. Plastiques agricoles et acéricoles, bois … l’analyse révèle ici que c’est surtout la production évitée de matières vierges qui permet de réduire de façon significative l’émission de GES. Le transport, la gestion de fin de vie et l’énergie arrivent souvent bons derniers dans les facteurs impactants.
Mais attention! Ces résultats ne doivent pas être généralisés et appliqués à toutes les synergies. L’outil utilise des données spécifiques pour chaque matière, chaque type d’énergie, chaque localisation, fournissant ainsi des résultats nuancés et personnalisés.
Armés d’un tel outil, les acteurs de la symbiose pourront ainsi éviter les fausses bonnes idées et surtout, accompagner les entreprises dans l’évaluation de leurs gains GES et l’appropriation de l’économie circulaire!